Faire-Avoir-Être : Une imposture ?

Depuis que nous sommes tous petits, on nous apprend qu’il faut travailler (FAIRE), pour gagner de l’argent (AVOIR), ce qui nous permettra, si tout va bien, de pouvoir, un jour, faire ce que l’on veut, c’est-à-dire être soi-même (ÊTRE).

Pour résumer, les choses devraient se dérouler comme suit :

Faire-Avoir-Être : Une imposture ?

Faire-Avoir-Être : Une imposture ?

… Comme on l’a dit, SI TOUT VA BIEN.

Parce qu’en fait, cette configuration est finalement très aléatoire. Apparemment, il y a en effet, beaucoup de gens qui décèdent quelques mois seulement avant ou après leur départ en retraite et qui, de ce fait, n’entament jamais le gâteau qu’ils ont mis toute leur vie à fabriquer.

Et puis, peut-on vraiment penser que la vie, c’est ça ? Se transformer en machine ou en automate pendant ses plus belles années pour remettre à plus tard, quand on est usé et vieilli, la possibilité d’être et exister réellement…

Loin de moi pourtant l’idée de me mêler ici au débat sur les retraites qui revient sur le plateau de façon récurrente. Simplement, je voudrais mettre le doigt sur l’imposture que constitue cette vision des choses. En effet, cette façon de faire engendre des frustrations qui elles-mêmes sont le nid de l’épuisement et de la maladie. C’est ce qu’explique Peter Koeinig, expert en finances et auteur du livre « 30 mensonges sur l’argent : Libérez votre vie, libérez votre argent ».

Pour lui, le modèle Faire-Avoir-Être ne fonctionne pas. Il privilégie un modèle inversé où l’on va rechercher en priorité la satisfaction de l’être.

Faire-Avoir-Être Une imposture

Il recommande de faire ce que l’on aime dès le début de la vie professionnelle en exprimant sa passion à travers son travail. Selon lui, en faisant cela, force est d’admettre que nos besoins sont parfaitement satisfaits. Nos besoins élémentaires, certes, mais pas seulement. Tout ce qui compte réellement pour nous sera en effet parfaitement satisfait, et ce, que l’on y croie ou non.

Il explique cela par le fait que, lorsque l’on vise l’épanouissement, la réalisation de soi (ÊTRE), on est poussé à agir, à poser des actes (FAIRE). Cette activité que l’on mène avec passion nous rend attractif et nous permet d’obtenir ce que l’on veut (AVOIR).

Une alternative séduisante dont Tim Ferris nous fait, lui aussi, l’apologie dans son livre « La semaine de 4 heures », destiné à « ceux qui en ont assez de remettre leur vie à demain et ont envie d’en déguster les fruits ici et maintenant ».

Je crois effectivement que l’ancien modèle, issu de la Révolution Industrielle, n’a plus lieu d’être aujourd’hui. Faire sans se poser de questions n’a plus de sens aujourd’hui. L’emploi à vie n’existe plus et aujourd’hui on a besoin de vendre ses compétences. Qu’est-ce qu’une compétence ? Un ensemble de savoirs, savoir-faire, savoir-être. Et aujourd’hui alors que les écoles formatent de plus en plus d’élèves, toujours plus nombreux à bénéficier des mêmes cursus, il est indispensable de se démarquer de la concurrence des autres diplômés. Comment se distinguer quand on a tous les mêmes connaissances (savoirs), que l’on sait tous faire la même chose (savoir-faire) ? Il ne reste qu’une seule solution pour faire la différence : le savoir-être, l’ensemble de nos capacités, qualités, envies, désirs. Ce qui fait que l’on est soi, unique et différent des autres. Voilà pourquoi l’heure est venue de viser l’Être et non plus le Faire.

En termes d’orientation, cela change beaucoup. Au lieu de se demander « Qu’est-ce que je peux bien FAIRE ?», on va se demander « Qui SUIS-je ? Qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? ». Et suivant les questions que l’on se pose, les réponses ne sont pas les mêmes…

Et vous qu’en pensez-vous ? Dans votre comportement aujourd’hui, êtes-vous plutôt Faire-Avoir-Être ou Être-Faire-Avoir ?